Ecouter et servir Jouanakaéra

Publié le 29 décembre 2016,
Moi, Jouanakaéra, je suis un être vivant composé d’organes minéraux, végétaux, animaux et humains.

J’ai une énergie propre.

J’ai une créativité propre.

J’ai une identité propre.

Depuis plus de 20 millions d’années, je suis connectée à la mer, au vent, à la Terre, au ciel, au Cosmos.

A chaque époque de mon existence, je prends le temps de m’écouter, d’écouter le Monde, je dialogue avec l’Univers et je connais ma vocation, ma raison d’être, ce que je peux apporter au Cosmos.

Je sais comment m’épanouir, me réaliser en apportant au Monde une contribution neuve, utile, une énergie compte tenu des ressources qui sont à ma disposition, les ressources naturelles, les travaux et le potentiel des Hommes et des Femmes qui traversent ma vie, leurs relations sur mon territoire, leurs liens avec le reste du Monde, mon histoire, ma culture, …

Depuis l’expulsion de l’humanité des premiers habitants qu’il me revient d’avoir accueillis et qui m’ont baptisée Jouanakaéra, je n’ai jamais réussi à communiquer avec les Hommes qui ont dirigé ou dirigent les habitants qui vivent en moi.

Depuis ces temps, des Hommes, venus d’ailleurs ou nés en moi, qui du sommet de leurs pyramides hiérarchiques conçoivent et décident ce que la base exécute et subit, m’ont toujours considérée comme une terre, un objet, une machine ou un engin qu’il fallait utiliser, exploiter, rentabiliser, piloter à des fins économiques, politiques ou encore géostratégiques.

Heureusement, hors des pyramides hiérarchiques, j’ai toujours pu dialoguer, d’Être à Être, avec des hommes et des femmes qui savent m’écouter, qui savent écouter le Monde et qui expriment ma vocation, ma raison d’être au Monde, à travers leurs engagements, leurs chants, leurs vers, leurs danses, leurs musiques, leurs photos, leurs pièces de théâtre, leurs peintures, leurs créations, leurs paroles, leurs films.

Malheureusement, ceux qui sont au sommet des pyramides me confinent dans un cadre étriqué. Depuis le sommet des pyramides de Paris ou Bruxelles je suis un des « outre-mer » ou une des régions ultrapériphériques qui enrichissent la diversité de la France et font rayonner l’Europe en Amérique Centrale. En voilà un projet épanouissant !

Ici et maintenant, en moi, en Martinique – c’est le nouveau nom qu’ils m’ont choisi -, les hommes et les femmes qui siègent ou qui veulent siéger au sommet de la pyramide des institutions me considèrent toujours comme un objet, une machine, un engin ou un édifice.

Certains voient moi un bateau qu’ils ont voulu désankayer il y a quelques années. Un navire dont les voyants étaient au rouge avant qu’ils ne reprennent les commandes. D’autres ont voulu créer une Martinique Nouvelle. Un nouveau véhicule à qui ils ont voulu redonner un sens, qu’ils ont prétendu faire avancer grâce à leur ingénierie et qu’ils étaient prêt à propulser vers l’excellence. Certains veulent passer à la vitesse supérieure, d’autres veulent m’accorder une faveur et me redresser pour éviter une sortie de route fatale. D’autres encore veulent me bâtir, me construire, me relancer.

Machine, véhicule ou bâtiment, voilà comment me perçoivent ces humains qui siègent ou qui veulent siéger en haut de leurs pyramides institutionnelles. Mais je suis un être vivant.

Alors, en 2017 et pour les années qui suivront, moi, Jouanakaéra, être vivant synthèse du minéral, du végétal, de l’animal et de l’humain, je souhaite que tous les acteurs des pyramides hiérarchiques d’Europe, de Paris ou de Martinique (élus et candidats) abandonnent leurs conceptions mécaniques des collectifs pour adopter des organisations collectives s’inspirant de la vie et de la nature afin de créer des façons riches, inspirantes et motivantes de décider ensemble, de travailler ensemble, de vivre ensemble.

Vous, qui êtes au sommet des pyramides institutionnelles ou qui aspirez à l’être, ne me considérez plus comme une propriété, un espace de projection de vos désirs, de vos ambitions, de vos rêves ou de ceux de vos illustres prédécesseurs, mais imaginez-moi comme un être vivant dont vous êtes un des organes. Regardez-moi comme un champ d’énergie, un potentiel ayant une vocation à découvrir, à écouter et à servir.

Ne prétendez plus me faire avancer, me faire réussir ou m’accorder une faveur. Laisser tomber les combinaisons et les uniformes d’ingénieurs, de visionnaires, de pilotes, de commandants pour devenir des intendants qui se mettent à l’écoute de mon potentiel créateur pour m’aider à remplir ma tâche dans le Monde.

En 2017, écoutez-moi, dialoguons, écoutez le Monde, découvrez ma vocation, exprimez-la et servez-la.

Olivier Ernest JEAN-MARIE

Citoyen martiniquais

 

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