Monsieur Le Président de l’Université des Antilles,

Monsieur Eustase JANKY,

Je ne suis pas procureur,

Je ne suis pas juge,

Je ne suis pas étudiant,

Je ne suis pas universitaire,

Je ne suis pas journaliste,

Je ne suis pas un candidat en campagne,

Je n’agis pas par opportunisme électoraliste,

Je suis un citoyen ordinaire qui croit que nous sommes tous interdépendants.

Je suis un ouvrier de l’intelligence collective.

Je crois qu’il n’y a pas de pratique possible de l’intelligence collective avec des sujets dominés, contraints ou corrompus.

Je suis convaincu que la transparence, le respect, la réciprocité, la responsabilité, la liberté et la bienveillance sont des valeurs que nous devons cultiver dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos institutions, dans nos entreprises, dans nos associations, dans nos relations interpersonnelles.

Voilà ce qui explique mon besoin de comprendre la situation du campus universitaire de Schoelcher et de l’Université des Antilles.

Voilà ce qui motive mon besoin de crier mon indignation devant cette affaire du CEREGMIA.

Pour le citoyen ordinaire que je suis, l’Université est un bien commun. L’Université est une pièce maîtresse dans la constitution de la Cité. L’Université, dans le prolongement de l’Ecole, est une institution qui doit favoriser l’émergence du sujet responsable. L’Université est selon moi un espace d’émancipation, de libre expression et d’activation du potentiel des étudiants, des enseignants et des autres contributeurs.  

La culture dominante que j’ai découverte en parcourant les rapports officiels et en fréquentant la communauté universitaire au cours de ces dernières semaines est plutôt une culture de la vulnérabilisation, de l’affaiblissement du sujet. Une culture incarnée par les 3 universitaires du CEREGMIA mis en examen.

Je ne connais pas ces 3 personnes. Ma démarche n’est pas dirigée contre elles mais vers les valeurs et les comportements qu’elles ont mis en pratique.

S’il vous plaît, gardez-vous de me dire qu’en tant que citoyen ordinaire, je ne m’y connais pas assez en gestion des fonds européens, en affaires judiciaires ou en matière d’organisation universitaire pour me faire une idée plus ou moins proche de la réalité. Si tant est qu’elle existe !

J’ai lu attentivement (merci Internet !) les rapports de la Cour des Comptes, de l’IGAENR, des conseils de discipline de l’UAG, de l’Université de Toulouse 1, du CNESER, les jugements du Conseil d’Etat.

J’y ai découvert une culture de la domination, de la menace, de l’insulte, de la manipulation, de l’impunité, de l’abus, de la falsification, du favoritisme, de la violence, de l’indifférence, de l’intimidation, de la complicité (passive ou active), du mensonge, de la dissimulation, de l’escroquerie, de la fraude, du gaspillage et du détournement de fonds publics.

Une culture n’ayant rien à voir avec les valeurs affichées dans les statuts de l’Université des Antilles qui « proclame son attachement aux valeurs de respect, de tolérance et de dignité de la personne humaine. »

(page 5 des statuts : http://www.univ-ag.fr/sites/default/files/medias/statuts_de_luniversite_des_antilles_approuves_au_ca_du_23_juin_2016.pdf)

Certes l’université n’est pas un tribunal, mais elle n’est pas un no man’s land des valeurs (vous en avez et vous les affichez) qui favorise l’érosion du sujet.

Certains de vos prédécesseurs ont tenté de régler ces dérives en famille, sans vouloir faire trop de vagues pour, je pense, ne pas nuire à l’image de votre institution.

Force est de constater que cette stratégie n’a pas porté ses fruits. Pire, elle a visiblement nourri le sentiment d’impunité des 3 universitaires du CEREGMIA mis en examen qui se sont peut-être sentis autorisés à franchir toutes les limites légales et morales.

Alors Monsieur le Président, Monsieur Eustase JANKY, je vous demande d’aligner vos décisions avec vos valeurs ou plutôt avec celles de l’institution que vous dirigez.

Ne permettez plus à ces 3 universitaires mis en examen d’être mis en situation de côtoyer la communauté universitaire tant que cette affaire n’est pas complètement jugée jusqu’à l’extinction des voies de recours.

Olivier Ernest JEAN-MARIE

Citoyen Martiniquais

Schoelcher, le 17 avril 2018

 

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