Le 23 février 2013, à Fort-de-France, nous étions près d’un millier de manifestants contre l’empoisonnement des Martiniquais et l’usage des pesticides.

Même si, pour tout organisateur d’une réunion portant sur une question de société, réunir 1 000 personnes en Martinique peut être encourageant, (Cela correspondrait à 165 000 manifestants en France hexagonale) il est difficile de se satisfaire de cette mobilisation pour une problématique qui devrait traverser les clivages de l’échiquier politique martiniquais.

La lutte contre l’empoisonnement des Martiniquais, une préoccupation du seul camp « patriotique » ?

Or, seuls les membres du groupe des « Patriotes et Sympathisants » du Conseil Régional et les élus du MODEMAS représentaient la classe politique.

J’ai lu et relu la « Déclaration contre l’empoisonnement des Martiniquais » et j’y souscris totalement. (http://www.facebook.com/events/471293336271553/475742552493298/?notif_t=plan_mall_activity)

J’ai quelque difficulté à comprendre pourquoi des élus qui se disent « progressistes » (les élus des FMP, du PRM, du PPM et alliés) ne soutiennent pas ce texte.

Il est surprenant de constater que seuls les élus du MIM, du PALIMA, du CNCP, du MODEMAS étaient présents le 23 février aux côtés de nombreux citoyens, et de quelques militants encartés, qui s’étaient mobilisés pour une cause juste.

Pour une mobilisation citoyenne massive contre l’usage des pesticides

J’appelle tous les citoyens martiniquais à lire la « Déclaration contre l’empoisonnement des Martiniquais », à la soutenir, à appuyer et à enrichir l’action du collectif qui l’a rédigée.

J’invite tous les citoyens martiniquais à rappeler aux élus absents le 23 février qu’ils gagneraient à être plus soucieux de la santé de leurs électeurs et du Bien Commun que des préoccupations des lobbies économiques.

Je suggère à tous les citoyens martiniquais de demander aux élus absents le 23 février de dépasser leurs calculs politiciens pour répondre aux grands enjeux collectifs de la communauté martiniquaise.

Chers citoyens martiniquais, ne laissons plus les élites politiques et économiques décider seules de l’avenir de notre territoire.

La catastrophe écologique, chimique, sanitaire et économique générée par l’usage de la chlordécone exige de nous la plus grande vigilance et le plus grand contrôle de l’action de ces élites.

L’impasse vers laquelle ces élites politiques et économiques nous conduisent consiste à tenter de nous convaincre de tolérer l’empoisonnement de l’eau, de la terre, de l’air, des hommes et des femmes de Martinique au nom du sacro-saint intérêt économique !

Le prétendu argument des propositions concrètes

Et, ces élites politiques et économiques ont beau jeu de nous dire « il n’y a pas d’alternative ! ».

La culture de la banane doit continuer, quel qu’en soit le prix !

Et leurs représentants ont vite fait de mettre en avant les 7, 8, 9, 10 0000 emplois directs et/ou indirects liés à l’activité de la banane en nous défiant avec la question « qui tue » : Vous qui vous opposez à l’épandage aérien et plus largement à l’usage des pesticides dans l’agriculture, quelles sont vos propositions concrètes pour réemployer ces 10 000 personnes si la culture de la banane disparaissait ?

Je leur renvoie la question : Vous, défenseurs de l’usage des pesticides dans l’agriculture martiniquaise, quelles sont les solutions concrètes que vous avez à proposer aux milliers de victimes de cancers générés par la consommation de produits alimentaires contaminés par la chlordécone ?

Quelles sont les solutions concrètes que vous avez à proposer aux centaines d’exploitants agricoles, aux centaines de marins-pêcheurs dont l’activité a été détruite, par la contamination de leurs moyens de production ?

Quelles solutions concrètes avez-vous pour dépolluer les terres, les nappes phréatiques et la mer de Martinique?

Un changement profond, lent et difficile

Au-delà du jeu des « solutions concrètes », force est de constater que la production bananière est dans une impasse biologique et économique.

Il serait peut-être souhaitable, et responsable, d’écrire, avec tous les acteurs de la filière banane, sur une durée de 10 ans, les scenarii de sortie de cette production condamnée, à moyen terme, par l’Organisation Mondiale du Commerce et les maladies.

Cela appelle de la part de certains responsables économiques et politiques un changement global qui n’est ni facile, ni rapide.

Et c’est parce que ce changement est profond, difficile et lent que les élus de « droite » et de « gauche » ne doivent plus tergiverser en se positionnant contre l’épandage aérien tout en refusant de se prononcer contre une énième dérogation à l’interdiction de l’épandage aérien de pesticides accordée par l’Etat Français aux planteurs de bananes.

Cette position confuse, indéfendable sur le plan de la logique élémentaire, entache la crédibilité des élus qui s’y associent.

Cette position renforce l’idée que la sphère politique, en Martinique, n’est pas un véritable moteur du changement et du progrès collectif.

Si de nombreux élus ne sont pas encore prêts à ce changement difficile et lent, j’aperçois de plus en plus de citoyens martiniquais qui s’y préparent et qui le réclament.

Parce que les concepts de développement durable et de responsabilité citoyenne sont des idées qui progressent ici et ailleurs, je suis convaincu que nous serons plus nombreux (élus et citoyens) lors des prochaines manifestations du collectif contre l’empoisonnement des Martiniquais.

Olivier Ernest JEAN-MARIE – Citoyen Martiniquais – Schoelcher, le 27 Février 2013.
 

Comments are closed.



Catégories

Mes archives